Pourquoi "art martial" et "sport d’origine martiale"
sont des concepts diamétralement opposés.

 

1) relevée dans les “Règles d’Or” (Shoto-niju-kun) de Gichin Funakoshi, la sentence "Karate-ni-sente-nashi", qui est sans doute la plus célèbre, gravée sur la pierre de son mémorial élevé au temple Enkakuji de Kamakura, et que l’on traduit par "Il n’y a pas de premier mouvement (attaque) en Karaté".

Cette sentence résume toute l’attitude qui doit être à la base de la pratique du Karaté, comme des arts martiaux (Budo) en général. Le premier mouvement, et même si de l’extérieur il peut être perçu comme une initiative d’attaque, doit être conçu comme une défense. Celui qui maîtrise la technique a du champ d’application possible pour celle-ci une vision différente, issue du long processus de compréhension de la Voie des arts martiaux. Le maître d’art martial ne manifeste jamais aucune agressivité, et la réponse qu’il peut être amené à donner lorsqu’une confrontation est inévitable ne saurait être qu’une défense, suivie d’une riposte contrôlée en fonction de l’agression. Ni agressivité, ni violence. C’est la raison pour laquelle le concept même de compétition sportive, où l’enjeu est dérisoire au regard de l’attitude qu’il convient d’avoir face à la vie et à la mort, est inconcevable dans l’optique d’un Karatedo traditionnel. Pire : en développant l’agressivité, l’assaut sportif va à l’encontre de la formation de l’homme telle qu’elle est prônée par le Budo authentique. C’est également ce que rappellent les Kata classiques, dont le premier mouvement est toujours une défense. Cette volonté de ne pas commencer le combat, la sérénité et l’harmonie qu’elle sous-entend, doit être présente au Dojo comme dans toutes les choses de la vie. Il ne peut y avoir d’affrontement entre deux maîtres d’arts martiaux puisqu’aucun des deux n’éprouve le besoin d’engager une action toujours quelque part destructrice.

2) relevée dans le "Dictionnaire des Arts Martiaux de l’Extrême-Orient", de R.Habersetzer, à paraître aux Editions Amphora en septembre 2000, cette définition qu’il y donne du mot "BUDO" (extraits) :

"Voie du combat" ou "Voie du guerrier". De Bu = martial et Do = Voie. Désigne l’ensemble des arts martiaux japonais pratiqués en tant que Voies (Do ou Michi) éthiques, chemins de perfectionnement de l’homme en quête de soi-même. Les gestes et comportements guerriers, tels qu’ils s’expriment en Aikido, Aiki-budo, Iaido, Judo, Kendo, Kyudo, (le cas du Karatedo est spécial, n’étant pas un art martial d’origine japonaise), empreints de cette optique descendant des techniques guerrières, prises dans leur vocation primitive sur les champs de bataille (Bu-jutsu). Ils sont le résultat d’une longue évolution historique.
.......................................
A travers l’apprentissage des techniques (Waza) et du geste parfait, le pratiquant développe son énergie vitale (Ki) mais se forge surtout un nouvel état d’esprit (Shin) fait de maîtrise de soi et de contrôle et qui le détourne de la violence à travers laquelle il s’est en quelque sorte "formé". Le chemin de l’art martial authentique est donc une voie éducative, celle de la paix et de la non-violence. Il y a dans tout art du Budo, trois composantes intimement liées dont la proportion varie en fonction de l’âge et du niveau dans la progression du pratiquant : les éléments corporels (Tai), les éléments techniques (Ghi), les éléments mentaux (Shin). La méconnaissance de l’un comme de l’autre de ces composantes entraînerait très vite le Budoka dans une fausse direction avec, à terme, la non-obtention de l’efficacité réelle, voire de troubles dans son comportement au quotidien.
Les adaptation sportives contemporaines des Budo anciens n’expriment que très faiblement (et pour certains, pas du tout), ce type de préoccupation. Ainsi la pratique systématique de la compétition privilégie trop largement les résultats externes (l’ennemi est au dehors), apparents, au détriment de la recherche interne (l’ennemi est en soi), qui est la véritable motivation du Budoka.

Page d'accueil