Ce fut
« Karada-no-buki » au dernier stage d'hiver, le déjà 52ème Kan-geiko
dans une Tradition qui dure…
On avait pourtant dit qu'on ne les
compterait plus, les incontournables pèlerinages annuels sur la "Voie
Tengu" © !
Le 52ème Stage d’Hiver de Strasbourg fera cependant date dans la
Tradition de « Centre de Recherche Budo-Institut Tengu ». D’abord parce
que le temps fut incroyablement doux cette année (donc sensibilisation
au réchauffement climatique, COP 21 oblige...). Mais surtout parce que
le travail technique se fit autour du concept de l'ancien Tode (peu
connu, voire totalement inconnu, des karatekas d'aujourd'hui) du
« Karada-no-buki » : une problématique de combat qui ne repose que sur
la mise en oeuvre des « armes naturelles du corps », rappelant que le
corps est une arme en lui-même. Et ce en raison des circonstances
exceptionnelles (proclamation de l’état d’urgence par le gouvernement
français, suite aux tragiques évènements du 13 novembre à Paris) qui
incitèrent Sensei Habersetzer, après mûre réflexion, à annuler les
entraînements en Kobudo : le passage des frontières pour les stagiaires
venant de Belgique, d’Allemagne ou de Suisse, avec des « armes » de
Kobudo plein leurs coffres de voitures, fussent-elles en bois, aurait pu
donner lieu à de sérieuses tracasseries, voire à des refus de passage
tout simplement. Un Bokken ressemble, par définition, à un Katana, et
même un Tambo pourrait être vu comme une matraque par quelque douanier
ou policier ne voulant pas être accusé d’avoir pris un risque… Ne
parlons même pas de Sai ! En conséquence de quoi, impasse totale cette
année sur les Kobudo. En attendant des jours meilleurs (??).
Les 10 heures de travail ont donc été entièrement consacrées à des
techniques n’utilisant comme « arme » que… les mains et les pieds nus,
ou encore toute autre « arme naturelle » du corps. Par la force des
choses donc, retour aux fondamentaux, forts anciens, de l’art de la main
vide ! Une décision certes quelque peu frustrante pour les aficionados
des Kobudo, mais probablement une sage précaution.
Ceci étant
dit, une Tradition qui a plus d'un demi-siècle..., ça se respecte. Ce
n'est pas rien. Et ça se rappelle régulièrement au souvenir des anciens
comme des débutants. Même si, pour les nouvelles générations, ce
souvenir se perd dans l'antédiluvien ! Et pourtant. Shihan Habersetzer
vient encore de diriger son traditionnel stage d'hiver de Strasbourg,
avec la même passion pour la chose enseignée et la même fougue dans la
manière de l'enseigner. Avec sa fidélité, exprimée une fois de plus, à
une Voie dans laquelle il s'est engagé il y a près de 60 ans, et qu'il
suit, et qu'il incite à suivre, avec un sens de la responsabilité que
lui reconnaîtraient sans nul doute les vieux maîtres d'antan. Insensible
aux modes, aux humeurs des hommes, à ses propres problèmes de vie, droit
dans ses convictions, en vrai "Tatsujin" (Jin : homme. Tatsu : debout).
Toujours prêt à les expliquer et défendre, en démontrant infatigablement
chaque fois que nécessaire. Une attitude devenue rare dans nos sociétés
fragiles et changeantes. Et que n'altèrent apparemment en rien les
soucis que le Shihan peut également avoir, comme tout un chacun, et dont
il ne fait d'ailleurs pas mystère, avec... disons "la pression du temps
qui passe" ! En attendant, "droit", on vous dit... Comme si ce temps
n'avait vraiment pas de prise. En tous cas, comme si cela n'avait aucune
importance sur le comportement qui reste le sien après tant d'années qui
connurent aussi leurs tempêtes et qui ont laissé leurs cicatrices. Cela
dit, il était comme à l'habitude ces dernières années, largement épaulé
par ses quatre experts, Jacques (France), Alex (Belgique), Wolfgang
(Allemagne) et Evgueni (Russie), ainsi que par ses 5e Dan, Helmut,
Siegfried, Franz, Alexandre, Jean-Claude, Sylvain, Roland, qui l'ont
fidèlement secondé dans le dense travail qu'il proposait. Le tout dans
une ambiance de sérieux et de convivialité propre depuis toujours aux
rendez-vous de Strasbourg.
Ce fut encore
en cette mi-décembre 2015 la manifestation éclatante de la force d'une
Tradition qui a de quoi interpeller (d'autant plus que le changement
dans les dates initialement prévues pour cette rencontre a sérieusement
perturbé celle-ci, nombre de pratiquants, de nombre de dojos, n'ayant pu
se libérer à cette date si proche de Noël, ou ne trouvant plus de place
dans les hôtels strasbourgeois déjà largement complets en cette période
touristique de traditionnel Marché de Noël de la ville). Quant à savoir
pour combien de temps encore... Qu'importe. La route Tengu est désormais
déjà largement balisée. Et ce qui est fait, est fait et ne peut plus
être changé. Imprimé dans les souvenirs des uns et des autres.
Cette fois
encore tout le monde est reparti avec le sentiment d'avoir vécu
intensément un nouveau week-end, décidément toujours trop court, sur la
"Voie Tengu". Mais une fois de plus conforté dans leur choix d'hommes et
de femmes responsables dans leurs comportements dans et hors du dojo
(Do-raku !). Un sentiment qui ne ternit pas malgré les années qui
passent. On se souhaite encore d'autres rencontres aussi enrichissantes.
Ceux et
celles qui ne purent cette fois en être ont déjà fait savoir que le
stage de printemps au mois de mai 2016 (notez la date dans la rubrique
"stages") ne se fera pas sans eux... Il n’y a plus qu’à espérer
que pour nos amis venant de l’étranger les tracasseries aux frontières
seront d'ici-là définitivement levées. Car on peut toujours « espérer
le meilleur », sans cesser de se « préparer au pire »… Tout l’esprit
Tengu, encore rappelé avec force par Soke Habersetzer au cours de ce
stage ainsi que, d'ailleurs, dans ses « vœux 2016 » (« Le Samouraï et la
libellule », à lire sur ce site).
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Malgré les "vents contraires" qu'ont dû subir cette année les
stagiaires venus de l'étranger en raison de l'instauration de l'état
d'urgence aux frontières (!) ils furent quand-même encore 80 dont près
de 70 ceintures noires (!!) du 1er au 7ème Dan Tengu ©, à être venus de
France, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse, et même, bien sûr, de
Russie (ville d’Orenburg, sur l'Oural) pour se rassembler autour de Soke
Habersetzer dans un Kan-geiko quelque peu historique (et on espère
unique) en l'absence de Kobudo... Mais une fois de plus la Tradition est
sauve ! Et ceux qui purent la vivre cette année encore n’ont sûrement
pas regretté le voyage de Strasbourg. Si l'on rappelle que 90% d'entre
eux font ces lointains déplacements (tant d'heures de route ou d'avion)
deux, et parfois même jusqu'à quatre fois par an (pour les quatre
grandes manifestations de l'association, dont deux seulement sont
ouvertes aux non-membres de l'association), pour se replonger avec
bonheur dans une ambiance "estampillée Tengu".... respect !
Comme d'habitude, des participants attentifs aux explications du
Soke, souvent émaillées d'allusions au fond culturel et historique des
techniques pratiquées (Bun-bu-ichi : les choses de la guerre avec les
choses de la culture...).
Travail technique pointu, par exemple en situation contre
plusieurs menaces toujours possibles hors des conventions classiques du
dojo, ou dans le retour sur les détails des Kumite-katas décortiqués par
Jacques et Alex sous la direction du Soke.
Le souci de la protection du périmètre de sécurité rapproché
(Chikama-no-waza), où aucune approximation n'est possible.
Helmut et Siegfried, ou comment utiliser l'apport d'une arme
improvisée.
Sylvain, Michel, et tant d'autres, Sempai ou Kohai, qui ont
encore appris, et aussi appris à donner, au cours de ce Kan-geiko.
Photos
de Daniel Traweels (Halle, Belgique)
Travail omnidirectionnel, un des piliers propres au Tengu-ryu.
Les hauts gradés de la Maison Tengu, encore une fois réunis :
Wolfgang Lang (6e Dan Tengu), Alex Hauwaert (7e dan Tengu), Soke
Habersetzer, Jacques Faieff (7e Dan Tengu), Evgueni Bezruchko (6e Dan
Tengu).
Photos de Jacques Faieff (Revin, France)
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