54ème Stage d’Hiver de Strasbourg (1963-2017 !)
Que vous dire encore à propos de ce dernier Kan-geiko, ces 25 et 26 novembre au dojo d’Eschau, que vous ne sachiez pas déjà, si vous venez régulièrement sur ce site ? Qu’il tient de la plus pure tradition ? Que Soke Habersetzer a tenu bon dans cette tradition, année après année ? Qu’il rassemble autour de sa démarche ceux et celles qui sentent que la réalité d’un comportement martial est bien loin de l’approche ludique qui en efface aujourd’hui toute perception réelle ? Que ce rassemblement des Tengu à l’approche de l’hiver rappelle qu’il y a toujours un autre enseignement possible dans des arts martiaux à l’image aujourd’hui si abîmée ? Que, depuis que Roland Habersetzer Sensei a définitivement fixé les contours de son Tengu-ryu Karatedo (en 1994, après plus de 30 ans dans une pratique jusque-là classique), cette rencontre draine des pratiquants de tous horizons, heureux de se replonger régulièrement dans une ambiance de dojo, faite de convivialité, d’enthousiasme et de travail réellement « martial », à nulle autre pareille,  riche des recherches du Sensei en direction d’un nouveau format d’art martial mieux adapté à notre temps ? Que ces 10 heures d’entraînement sur samedi et dimanche se déroulent dans une densité telle que l’on ne voit jamais le temps passer ? Que le Kan-geiko rassemble chaque fois des passionnés (ils furent cette année encore plus de 90, dont quelques 70 Yudanshas) venus de France, de Belgique, d’Allemagne, de Suisse, de Russie…) ? Qu’on se promet à chaque fois de revenir participer à cette rencontre de haut niveau, où on ne comptabilise plus les « Dan » de Karatedo et de Kobudo, des 1ers aux 7èmes Dan Tengu ?
Les propos d’introduction tenus par Soke Habersetzer avant même que retentissent les premiers Kiai rappelaient le cadre du travail de ces rassemblements qu’il dirige avec constance depuis plus d’un demi-siècle (!) dans leur forme comme dans leur esprit :
« Nous sommes ici pour nous préoccuper de situations d’agressions extérieures, inopinées, injustifiées, intolérables. Peut-être le temps est-il en train de venir où il faudra se focaliser davantage sur le second aspect du credo du Tengu-ryu Karatedo « ne pas se battre, ne pas subir » … Ce qui rend de plus en plus difficiles la perception et l’enseignement du Tengu-ryu, qui veut préserver des valeurs humaines, même au plus fort d’un affrontement.  Nous ne sommes absolument pas là pour jouer, pour simplement entretenir notre forme physique, encore moins pour gagner une coupe, mais pour préserver notre vie. Tengu-ryu, c’est un chemin de vie, qui passe avant tout par la survie ! Il faut que les choses soient tout à fait claires dans notre tête, donc dans notre comportement : en montant sur ces tatamis, nous entrons dans une problématique réellement martiale, pas dans la reproduction anesthésiante de gestuelles limitées à un usage de dojo… Même dans l’optique d’une situation de confrontation dans le monde réel, absolument pas souhaitable mais peut-être hélas de plus en plus possible, nous pratiquons toujours notre technique, et l’esprit qu’elle sous-entend, de façon à ce que cette pratique ménage aussi notre santé du mieux possible et pour qu’elle reste un plaisir le plus longtemps possible « désintéressé » : Do-raku !
Voilà pour une idée du programme… L’érosion du martial, invariable signe de notre temps, semble à chaque stage organisé par le « Centre de Recherche Budo - Institut Tengu » dans la capitale alsacienne ne pas avoir de prise ici. Même si tout le monde, parmi les plus anciens de cette réunion annuelle (ils sont de loin les plus nombreux), vieillit doucement, derrière le Soke du Ryu. A commencer par lui-même, qui a pourtant promis d’être encore là avec la même passion et le même dynamisme pour les prochains rendez-vous des Tengu en 2018. Pour continuer à vivre ces expériences avec eux, au-delà du demi-siècle de Tradition, déjà largement entamé. Un sacré bail quand-même… qui en dit long sur la pugnacité de Soke Habersetzer et de la fidélité de ses « Tengu » ! Ce mois de novembre était, aussi, l’anniversaire de l’ouverture par Sensei Habersetzer du premier dojo exclusivement consacré au Karaté en Alsace et en Lorraine (novembre 1962), et donc de ses 55 années d’enseignement de sa conception de l’art de la « main vide ». Une longue bataille contre le temps, les vents et les tentatives de déstabilisation…
Pour donner au Sensei une autre occasion de fêter cet anniversaire, Thierry Pléé (Budo Editions), fit en sorte qu’un colis d’exemplaires de son nouveau « Karaté Pratique » (un ancien classique des Editions Amphora), à peine sortis de l’imprimerie bulgare (où les derniers manuels du Sensei ont été imprimés, dont le dernier « Fondamentalement martial », histoire d’en situer la qualité), lui soit directement adressé de Sofia en envoi express pour une réception à la veille même de ce Kan-geiko ! Timing parfaitement réussi, pour la parution d’un manuel-référence qui défie le temps, après avoir déjà nourri quelques générations de pratiquants du Karaté en France et bien ailleurs ! « Karaté Pratique » (encore revu,  augmenté, et cette fois en couleurs) …  c’est toute une histoire ! Et quand on sait que c’était à Sofia que Sensei Habersetzer dirigea le premier stage de Karaté en 1987, suivi de quelques autres, le fait de voir son livre renaître, en français, 30 ans après dans un pays où il a tant donné mais où personne ne se souvient plus de lui, est un autre clin d’œil de l’Histoire. Alors… bon(s) anniversaire(s) Sensei !


Quelques instantanés au cours de deux jours d’un stage intense de Tengu-ryu, à main vide comme à main armée, illustrations d’un système martial générique.
 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 


 
 

 
 

 
Photos : Dominique EUGÈNE (Dojo de FISMES) 
 

 

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