Que vous dire encore
à propos de ce dernier Kan-geiko, ces 25 et 26 novembre au dojo
d’Eschau, que vous ne sachiez pas déjà, si vous venez régulièrement sur
ce site ? Qu’il tient de la plus pure tradition ? Que Soke Habersetzer a
tenu bon dans cette tradition, année après année ? Qu’il rassemble
autour de sa démarche ceux et celles qui sentent que la réalité d’un
comportement martial est bien loin de l’approche ludique qui en efface
aujourd’hui toute perception réelle ? Que ce rassemblement des Tengu à
l’approche de l’hiver rappelle qu’il y a toujours un autre enseignement
possible dans des arts martiaux à l’image aujourd’hui si abîmée ? Que,
depuis que Roland Habersetzer Sensei a définitivement fixé les contours
de son Tengu-ryu Karatedo (en 1994, après plus de 30 ans dans une
pratique jusque-là classique), cette rencontre draine des pratiquants de
tous horizons, heureux de se replonger régulièrement dans une ambiance
de dojo, faite de convivialité, d’enthousiasme et de travail réellement
« martial », à nulle autre pareille, riche
des recherches du Sensei en direction d’un nouveau format d’art martial
mieux adapté à notre temps
? Que ces 10 heures d’entraînement sur samedi et dimanche se déroulent
dans une densité telle que l’on ne voit jamais le temps passer ? Que le
Kan-geiko rassemble chaque fois des passionnés (ils furent cette année
encore plus de 90, dont quelques 70 Yudanshas) venus de France, de
Belgique, d’Allemagne, de Suisse, de Russie…) ? Qu’on se promet à chaque
fois de revenir participer à cette rencontre de haut niveau, où on ne
comptabilise plus les « Dan » de Karatedo et de Kobudo, des 1ers
aux 7èmes Dan Tengu ? |
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Les propos d’introduction tenus par Soke Habersetzer avant même que
retentissent les premiers Kiai rappelaient le cadre du travail de ces
rassemblements qu’il dirige avec constance depuis plus d’un demi-siècle
(!) dans leur forme comme dans leur esprit : |
« Nous sommes ici pour nous préoccuper de situations d’agressions
extérieures, inopinées, injustifiées, intolérables. Peut-être le temps
est-il en train de venir où il faudra se focaliser davantage sur le
second aspect du credo du Tengu-ryu Karatedo « ne pas se battre,
ne pas subir » … Ce qui rend
de plus en plus difficiles la perception et l’enseignement du Tengu-ryu,
qui veut préserver des valeurs humaines, même au plus fort d’un
affrontement. Nous ne sommes
absolument pas là pour jouer, pour simplement entretenir notre forme
physique, encore moins pour gagner une coupe, mais pour préserver notre
vie. Tengu-ryu, c’est un chemin de vie, qui passe avant tout par la
survie ! Il faut que les choses soient tout à fait claires dans notre
tête, donc dans notre comportement : en montant sur ces tatamis, nous
entrons dans une problématique réellement martiale, pas dans la
reproduction anesthésiante de gestuelles limitées à un usage de dojo…
Même dans l’optique d’une situation de confrontation dans le monde réel,
absolument pas souhaitable mais peut-être hélas de plus en plus
possible, nous pratiquons toujours notre technique, et l’esprit qu’elle
sous-entend, de façon à ce que cette pratique ménage aussi notre santé
du mieux possible et pour qu’elle reste un plaisir le plus longtemps
possible « désintéressé » : Do-raku ! |
Voilà pour une idée du programme… L’érosion du martial, invariable signe
de notre temps, semble à chaque stage organisé par le « Centre de
Recherche Budo - Institut Tengu » dans la capitale alsacienne ne pas
avoir de prise ici. Même si tout le monde, parmi les plus anciens de
cette réunion annuelle (ils sont de loin les plus nombreux), vieillit
doucement, derrière le Soke du Ryu. A commencer par lui-même, qui a
pourtant promis d’être encore là avec la même passion et le même
dynamisme pour les prochains rendez-vous des Tengu en 2018. Pour
continuer à vivre ces expériences avec eux, au-delà du demi-siècle de
Tradition, déjà largement entamé. Un sacré bail quand-même… qui en dit
long sur la pugnacité de Soke Habersetzer et de la fidélité de ses
« Tengu » ! Ce mois de novembre était, aussi, l’anniversaire de
l’ouverture par Sensei Habersetzer du premier dojo exclusivement
consacré au Karaté en Alsace et en Lorraine (novembre 1962), et donc de
ses 55 années d’enseignement de sa conception de l’art de la « main
vide ». Une longue bataille contre le temps, les vents et les tentatives
de déstabilisation… |
Pour donner au Sensei une autre occasion de fêter cet anniversaire,
Thierry Pléé (Budo Editions), fit en sorte qu’un colis d’exemplaires de
son nouveau « Karaté Pratique » (un ancien classique des Editions
Amphora), à peine sortis de l’imprimerie bulgare (où les derniers
manuels du Sensei ont été imprimés, dont le dernier « Fondamentalement
martial », histoire d’en situer la qualité), lui soit directement
adressé de Sofia en envoi express pour une réception à la veille même de
ce Kan-geiko ! Timing parfaitement réussi, pour la parution d’un
manuel-référence qui défie le temps, après avoir déjà nourri quelques
générations de pratiquants du Karaté en France et bien ailleurs !
« Karaté Pratique » (encore revu,
augmenté, et cette fois en couleurs) …
c’est toute une histoire ! Et quand on sait que c’était à Sofia
que Sensei Habersetzer dirigea le premier stage de Karaté en 1987, suivi
de quelques autres, le fait de voir son livre renaître, en français, 30
ans après dans un pays où il a tant donné mais où personne ne se
souvient plus de lui, est un autre clin d’œil de l’Histoire. Alors…
bon(s) anniversaire(s) Sensei !
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Quelques instantanés au cours de deux jours d’un stage
intense de Tengu-ryu, à main vide comme à main armée, illustrations d’un
système martial générique.
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Photos : Dominique EUGÈNE (Dojo de
FISMES) |
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