6 au 14 novembre : Sensei Habersetzer en Russie, déjà pour la 10e fois ... | |
Le Président du " Centre de Recherche Budo " s'est une nouvelle fois rendu dans la ville d'Orenburg, sur l'Oural, à la frontière entre la Russie d'Europe et celle de l'Asie, pour y diriger un nouveau stage de Karatedo au Dojo " Ronin Renmei " d'Evgueni Besroutchko, 4e Dan et membre de la Commission Technique du C.R.B. C'est que, depuis 1991 et l'impact de son premier stage à Moscou qui avait drainé les ceintures noires du pays tout entier, depuis la Sibérie ou le lointain Kamtchatka, Roland Habersetzer n'a cessé d'être sollicité pour un enseignement régulier et suivi. Pas si évident, quand on connaît les distances, les difficultés matérielles pour mettre sur pied de telles rencontres, les effets pervers de la mode et de l'appât du gain qui ont, depuis, largement déferlé sur le monde local des arts martiaux, et quand on connaît aussi la multiplicité des engagements du Sensei pour, toujours et partout, expliquer et assumer sa " différence " dans sa pratique des Budo. Alors, après le bilan plus que mitigé qu'il fit de toutes ses actions menées depuis le début la fin des années 1970 dans les pays de l'ex Europe de l'Est (Roumanie, Bulgarie, Russie), à une époque où il accepta d'enseigner clandestinement dans ces mondes où le Karaté était encore interdit (et où il découvrit qu'il avait été, à travers ses livres piratés mais largement diffusés, à l'origine du vaste mouvement d'engouement de ces régions pour les arts martiaux japonais et en particulier le Karaté), lassé par tant d'efforts répétés aboutissant finalement à des conflits de pouvoirs et d'intérêts, il avait prévenu : ce stage serait probablement le dernier qu'il assumerait aussi loin de son Hombu Dojo de Saint-Nabor, en Alsace. Mais il faut bien dire qu'une fois sur place, devant la chaleur de l'accueil de la part de karatékas qu'il connaissait déjà bien (et dont certains avaient déjà fait le déplacement jusqu'à Strasbourg pour y suivre les stages traditionnels du C.R.B.), à nouveau confronté à la passion de tant de gens pour " son " Karatedo, Sensei Habersetzer sentit s'assouplir sa résolution initiale … Et ce fut de fait une fois de plus un stage d'une très grande densité technique avec une forte orientation " Tengu-no-michi " à laquelle tout le monde souscrivit avec enthousiasme. Un passage de grades clôtura cette rencontre pour laquelle de nombreuses " ceintures noires ", visiblement heureuses de revoir leur Sensei français s'étaient déplacés de très loin (depuis Magnitogorsk, Tcheliabinsk, Iekaterinburg, Samara, Moscou …) par moins de 7 degrés et dans la neige, sur des routes hasardeuses. Mais quand on veut " vraiment " ... ! |
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Kotine Oleg, Prokudenko Igor et Vytesov Gennadi furent nommés 1er Dan, Mineev Alexander et Vodopianov Valentin furent nommés 2e Dan, Kotichev Andréi et Terentiev Alexander passèrent le 3e Dan, tous ces grades étant en conformité avec les programmes en vigueur dans tous les Dojo du C.R.B. Ce qui, il faut tout de même le souligner, n'est pas si évident quand on s'entraîne à plus de six mille kilomètres de l'Alsace. Sensei nomma également une Commission technique, composée de Evgueni Besroutchko, Terentiev Alexander et Mineev Alexander, qui aura désormais la responsabilité entière d'un passage de grades annuel pour des 1er et 2e Dan qui seront validés par le " Centre de Recherche Budo ". Comment prendre congé d'un pays où le Sensei a si souvent rencontré une réelle émotion au contact de tant de gens sincères (hélas noyés parmi tant d'autres.) … Après tout, peut-être qu'à force de tenter de convaincre sans relâche qu'il était possible de " vivre les arts martiaux autrement ", c'est-à-dire comme un code moral et un moyen éducatif à travers l'effort gratuit (dur, par les temps qui courent …), détaché d'un contexte ludique et compétitif, Sensei est-t-il en train de réussir, même là-bas … Il répondit encore une fois à l'invitation du " Lycée N°1 " de la ville, où la première langue étrangère enseignée est le Français, et ce avec une efficacité époustouflante : rencontre avec les classes Terminales où filles et garçons se lancèrent avec fougue dans une interview du professeur d'histoire et de géographie que fut le Sensei, destinée à apaiser leur soif de connaître la France, spectacle composé à son intention, (et qui peut entendre, si loin de Paris, chanter " Douce France, pays de mon enfance … " sans sentir monter en soi une émotion difficile à maîtriser … ?), rencontre avec des professeurs parlant une langue française parfaite et faisant preuve d'une exceptionnelle connaissance culturelle de notre pays …Quelle joie, aussi, ce matin là ! |
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Alors ? Comment faire un adieu définitif à tout cela ? Julia, la charmante journaliste qui couvrit le stage, avoua avec une admiration non feinte, que son père déjà, avait découvert le Karaté dans les livres que le Sensei a publié il y a plus de 30 ans …, et que cela lui faisait " quelque chose " que de l'avoir ce jour en face d'elle. L'article qu'elle lui concocta dans la presse locale fut d'ailleurs à l'image de cette sincérité et de la connaissance qu'elle avait déjà à la fois de la méthode colportée à travers le monde par le Sensei, et de ce dernier lui-même. Alors …tant de karatékas, cette fois, lui prouvèrent à la fois leur volonté d'engagement C.R.B. et leur progression effective dans la connaissance et la pratique de la " différence CRB " que le départ fut cette fois particulièrement difficile, en cette aube froide et sombre d'un 14 novembre dont il se souviendra toujours. Adieu …au revoir …qui peut prédire l'avenir ? Sensei laissa entendre qu'il fallait seulement laisser un peu de temps au temps, avant de voir … Et puis, cela est déjà programmé, plusieurs amis russes viendront, et pour certains reviendront, au Kan Geiko de Strasbourg en 2004 avec une joie et une ferveur dignes de l'esprit des pèlerinages traditionnels. Les Sempai d'ici les attendent déjà, avec ce même élan d'amitié qui rapproche hommes et femmes de bonne volonté ! Oui, elle est belle, la route, avec tant de gens sincères ! Mais que c'est dur pour le Sensei, de plus en plus dur, de tels retours de stage, qui lui font laisser derrière lui de plus en plus de lui-même ... En attendant, amis russes, " Dassvidanié, et Spassiba bolchoi " …Pour tout ! On se reverra …peut-être ! La Voie reste imprévisible … |
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