En effet, dans l’impossibilité de
ne plus pouvoir vous en parler lors de nos rencontres en stage, en
cette période d’isolement et d’absence de possibilité
d’entraînement dans une dynamique de dojos (et à l’heure du
déferlement sur la toile de tant de stupidités à propos des arts
martiaux), je crois qu’il n’est pas inutile de vous rappeler
aujourd’hui les
fondamentaux de l’école de notre « Voie Tengu ».
Rappelez-vous bien en quoi consiste
l’essentiel de notre choix
martial, et notre absolue différence avec ce qui existe ou a
existé (et que vous pourriez penser proche de ce que nous
faisons : mais vous chercheriez en vain !).
Cet essentiel tient
techniquement en ces deux points (le
« ne pas se battre, ne pas
subir » étant la ligne mentale) :
1) « réagir
comme un animal »
(dans les 2 secondes initiales de l’impact obligé avec la violence
externe, si la désescalade est impossible, donc : extrême
réactivité, vitesse d’exécution, esprit de décision, Kime).
2) « terminer
comme un être humain»
(dans la phase finale de l’action, une fois la violence écartée
dans l’immédiat, donc : contrôle de l’action avec maintien d’une
extrême vigilance pour le cas d’une éventuelle reprise, une
attitude exprimée dans Inou-odoshi-no-kamae).
C’est pourquoi ces deux points sont
à la base des Karaho Tengu-no-kata (Chikama) et Tengu
Goshin-no-kata, où il faut en priorité polir sans cesse ces
sensations. Entre ces deux points, il n’y a que gestuelle
technique, dont les variétés sont infinies et pas plus originales
(ni plus efficaces) dans un style que dans un autre, ni passé (Ryu
traditionnels), ni moderne (tous ces systèmes de combat déferlant
sur Internet et se copiant les uns les autres).
C’est bien le travail de ces sensations, et non les techniques en
soi, qui définiront un jour (même s’il faudra encore du
temps !) nos katas
comme des « trésors infinis » au même titre que les vieux katas
classiques.
Restez donc, dans et malgré votre
isolement, bien conscient
de ces deux phases du déroulement d’un affrontement, qui sont
absolument propres au Tengu-ryu Karatedo, et qui donnent à
notre pratique de la « main vide »
une efficacité
(premier objectif : sauver sa propre vie)
contrôlée et responsable
(second objectif : respecter du mieux possible la vie au-delà de
la sienne).Soyez-en convaincus, et capables de l’expliquer, avec
conviction, précision et passion, à chaque fois que notre
spécificité ne serait pas
claire pour qui que ce soit. C’est en cela que Tengu-ryu est
l’école de la vie (Tengu-no-michi), au-delà d’une pratique
physique plaisante (Doraku). C’est pourquoi notre « sens du
martial », avec de tels objectifs, ne peut être copié par
personne ! C’est bien pour cela que la route que nous avons
choisie n’attire pas les foules… Mais si c’est la vôtre, soyez en
fier, et soyez-en à chaque occasion un ambassadeur (une
ambassadrice) efficace.
C’est ce que j’attends de chacun et
de chacune d’entre vous. En toute confiance. Espérons que nous
pourrons à nouveau bientôt respirer ensemble cette dimension du
martial que j’ai voulu vous rappeler aujourd’hui.
En attendant, continuons à nous
protéger et à protéger autour de nous : faisant preuve au
quotidien et dans ce contexte de pandémie d’un comportement
responsable auquel Tengu-ryu nous habitue déjà, par nature, au
Dojo.
Croyez, ainsi que tous vos élèves,
en mes meilleures pensées Tengu en ces temps difficiles et
dangereux. Je ne vous oublie pas un seul jour…
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