"Je fête en cette fin de mai 2017 mon 75e
anniversaire et mes 60 ans de pratique (1957-2017), toujours active, de
la voie martiale (dont 56 ans avec le port d’une "ceinture noire"). 2017
est aussi ma 49e année de publications continues et serrées, de livres
et de manuels techniques (près d’une centaine), d’articles (en nombre
incalculable), soit une « hyper- activité »
éditoriale qui a été, je crois,
la bienvenue pour quelques générations de pratiquants, en France et
aussi pas mal ailleurs. Le temps est déjà bien passé pour moi. C’est pour marquer ce qui constitue déjà à
cette heure une "somme de vie(s)" que Budo Editions va
publier dans quelques jours mon "Fondamentalement
martial, matières à réflexion sur les arts martiaux".
Et c’est l’occasion pour moi de vous dire que je signe là mon
dernier ouvrage en ce registre. J’ai en effet décidé de m’en tenir là
dans un prosélytisme acharné en faveur d’un "martial" qui a profondément
marqué toute ma vie, et qui l’accompagne d’ailleurs toujours, mais que
je ne reconnais plus dans l’image qu’il donne, et qu’on donne, de lui.
Et qui n’a rien à voir avec
celle que j’aurais voulu qu’il conserve. Mais
le monde étant ce qu’il est, le temps est enfin venu pour moi de
cheminer désormais plus tranquillement, plus sereinement, plus
discrètement, plus égoïstement sans doute, sur ma "Voie Tengu", en
prenant finalement acte de ces nouveaux et aliénants choix qui formatent
aujourd’hui nos sociétés, et dans lesquels je ne suis en rien engagé. De
poursuivre le trajet qui peut encore me rester à parcourir avec celles
et ceux en qui j’ai vraiment toutes les raisons de placer ma confiance,
et qui me soutiennent dans mon travail et une passion aussi forte qu’il
y a 60 ans. Avec ma famille "Tengu", et ceux et celles qui la rejoignent
lors de mes stages de Strasbourg. Clap de fin, pour le reste ! Cela
m’épargnera désormais déceptions, désillusions et inutiles colères
rentrées…
Ceci étant dit, et pour couper court à toute fausse information, toute
mauvaise interprétation, voire rumeur, je tiens à ce que ma décision
soit correctement perçue et comprise (pour ceux que cela pourrait
intéresser). J’y reviendrai donc prochainement dans "Dragon
Magazine".
Mais ce livre sera
bien le « der des ders »…(en dehors, peut-être, de certaines rééditions,
mais qui ne seront plus de nouvelles créations).
C’est que je crois
bien avoir tout dit, dénoncé, écrit, démontré, annoncé, proposé, au
cours de ces 49 années de publications. J’ai largement fait la
démonstration que de m’acharner davantage dans une direction aussi
fortement engagée ne changerait désormais plus rien à rien et serait de
la pure perte d’énergie. Je dois bien admettre enfin que je suis par
trop « décalé » dans le paysage ! Parvenu aujourd’hui à ce point de ma
vie, où ce constat est devenu une évidence assourdissante, je veux
remercier ici tous ceux et toutes celles qui m’ont aidé de leur présence
et de leur amitié, et ce parfois depuis fort longtemps. En me faisant
confiance pour trouver leur propre liberté sur la Voie, sans jamais
trahir. Qu’ils sachent que j’apprécie cette chance de les avoir connus.
Je tâcherai d’oublier tous les autres, qui ont si souvent encombré ma
route et parfois tout tenté pour me la faire abandonner. Merci à tous mes lecteurs d’hier et
d’aujourd’hui. Il y en a eu tant ! Nombre d’entre eux ont eu la
gentillesse de me faire savoir qu’ils ont apprécié cet acharnement dans
mon travail. Ravi que mes livres aient pu les aider dans leur démarche,
et beaucoup fait rêver aussi, dans leur quête d’un art martial riche en
contenus bien au-delà des techniques (de
tous temps mes livres, mêmes les plus techniques, ont voulu rendre
attentif à ces contenus-là). Je leur souhaite plus que jamais de
pouvoir rester fidèles à cette Voie-là. Je ne peux quant à moi espérer
faire davantage désormais. Mais je serai toujours heureux de revoir en
keikogi, tant qu'à Dieu ne plaise, celles et ceux qui pensent encore que
ma "Voie Tengu" reste une direction d’action qui a du sens, largement
explorée dans mon dernier ouvrage "Tengu-ryu
Karate-do, une pratique fondamentalement martiale de l’art de la main
vide" (Budo Editions). En attendant, ce dernier "Fondamentalement
martial" les fera replonger avec nostalgie dans mes (et leurs) rêves
d’un idéal martial, passionnément vécus envers et contre tout depuis
plus d’un demi-siècle. Un idéal martial forgé dans de l’acier
inoxydable… Il est vrai que c’était à une autre époque, et pour moi,
désormais, presque dans une autre vie… !
Kyu-do-mu-gen !
|
||